Les diablogues de Roland Dubillard En confrontant invariablement deux personnages, des UN et des DEUX anonymes, si divers et pourtant si semblables, les diablogues se nourrissent tous du même phénomène inépuisable : les petits pièges, à la fois logiques et absurdes, du langage humain. Présentés sous forme de joyeuses joutes verbales, ce sont très souvent plus que de brillants jeux de mots ou d’astucieuses trouvailles poétiques. Partant d’un sujet banal ou d’un objet anodin, ces échanges endiablés entraînent toujours les deux interlocuteurs – et avec eux les spectateurs – à la dérive vers des débuts d’abîmes existentiels. Plus ils essaient d’y voir clair, plus ils s’empêtrent dans un engrenage diabolique. Car, derrière ce trop-plein de paroles, tac au tic distrayant et cocasse, apparaît soudain l’inconsistance des êtres et de leurs fragiles univers. Projets puérils, cauchemars dérisoires. Fidèle à son nom, la Compagnie du décalé, troupe de théâtre amateur francophone, se fera un plaisir de vous servir ce cocktail pétillant avec un soupçon de Beckett et de Ionesco – profond comme le premier, drôle comme le second (et vice versa, comme il se doit pour un cocktail bien secoué). Dubillard est certes moins connu que ces deux classiques du théâtre de l’absurde, mais il n’en est que plus rafraîchissant. A découvrir sans modération ! Mise en scène: Martin Rizek Direction de projet: Chantal Monnay Distribution: David Bélet, Jean-Michel Brohée, Anouk Cateland Graber, Benoît Guillod, Maéva Hormain, Christian Meckes, Chantal Monnay, Emmanuelle Olivier, Hervé Vanderschuren La Compagnie du décalé: troupe de théâtre amateur, francophone et qui se veut décalée, présente sur la scène zurichoise depuis 2008. Elle offre un espace à tous ceux qui souhaitent vivre une expérience théâtrale. Comme seule exigence: être un acteur au double sens, tant au niveau de l’interprétation qu’au niveau du projet luimême. Notre moteur: s’amuser et ne pas se prendre au sérieux mais suffisamment quand même pour réaliser les projets imaginés. Comme point de départ à tout nouvelle entreprise: la synergie de ceux qui veulent embarquer. La Compagnie se veut décalée par son refus de se caler sur tout ce qui lui donnerait trop d’aplomb, par son envie de s’engouffrer dans des zones non conventionnelles à la recherche d’une plus grande liberté, par son choix de textes et de mise en scène nourri d’un esprit décalé. Mais ceci, avec la modestie qui revient à la Compagnie, revendicatrice de son statut d’amateur, lui aussi au double sens.